dimanche 16 octobre 2011

Méga-projet en Tunisie





Nous entreprenons un voyage vers la ville de Mahdia, au Sud,  où le Pôle démocratique moderniste, l'un des 115 parties en campagne pour l'élection de la constituante le 23 Octobre prochain, propose la conférence/débat: "Sabkhat Ben Ghayada et les enjeux d'aménagement du grand Madhia".
Bord de mer, Mahdia




La conférence n'a pas lieu dans les locaux du parti mais dans une ancienne église transformé en salle public , qui favorise le nombre et la mixité des participants.
L'évènement est mené par la tête de liste du parti, Salma Hamza, également architecte et enseignante à L'ENAU(Ecole Nationale d'Architecture de Tunis), appuyé par la présence du socio-économiste, urbaniste ,chercheur et président de l'association tunisienne des urbanistes, Monsieur Morched Chebbi.
Ce dernier est également le fondateur du cabinet d'études privées URBACONSULT, menant des études urbanistiques particulièrement sensibles et de "terrain" sur la Tunisie et Tunis en particulier. Sa rencontre constitue l'une de nos motivations pour ce voyage.

Lors de notre premier contact après la conférence, l'urbaniste nous confie avoir l'habitude de mettre à disposition des chercheurs sa documentation de plus de 4000 références. Un don très précieux si l'on prend en considération la difficulté des étudiants de l'ENAU à se procurer un ouvrage, l'école ne possédant pas de réelle bibliothèque mais un stockage de livres doté d'un seul ordinateur donnant accès au catalogue.
Salma Hamza et Morched Chebbi lors de la conférence"Sabkhat Ben Ghayada et les enjeux d'aménagement du grand Mahdia"


Le débat porte sur l'implantation d'un mégaprojet localisé dans la Sabkhat Ben Ghayada. Les Sabkhat sont des lacs à l'aspect changeant au cours des saisons: tel un immense miroir aux reflets métalliques en été, ils sont argileux et recouverts d'une mince couche de sel, tandis qu'une nappe d'eau stagnante les recouvre pendant les saisons pluviales. Ces zones contiennent des écosystèmes souvent très anciens mis en danger par les projets des investisseurs privées du Golfe, elles représentent un enjeu majeur notamment à Tunis, elle même "coincé" entre un Lac, et deux Sabkhat: Ariana au Nord et Séjoumi à l'Ouest. 

Le mégaprojet consiste en une nouvelle marina plutôt alarmante: non planifié au niveau urbain ou territorial et en total discontinuité avec l'environnement naturel, bâti et social; son coût  est exorbitant et les conditions d acquisition du terrain particulièrement douteuse .
La présentation de Salma Hamza suscite un nombre de réactions impressionnant, chacun souhaite exprimer son point de vue en tant qu'habitant jusqu'alors mis à l'écart: archéologue,physicien, littéraire, et anonyme prennent la parole.
Il en ressort une grande incompréhension face  au déroulement d'un projet établit dans l'ombre: on dénonce une primauté du politique laissant tout pouvoir au privée, l'absence d'un réel plan d'étude entrainant une aberration programmatique (Mahdia possède déjà un port où trois bassins sont encore inutilisés), environnemental et surtout une absence de transparence politique.
Une courte visite de Mahdia laisse entrevoir l'extrême richesse culturelle de la ville, qui fut vers le Xième siècle sous les Fatimides, la capitale de l'Ifrikiya (ancien nom donné à la Tunisie).
Elle présente une ville ancienne au cimetière impressionnant et de belles maisons traditionnelles de type médina.

Cimetière de Mahdia






Ruelle de la Médina


Maison à cour ouverte traditionnelle


En fin de journée nous rencontrons  Moncef Ghachem, l'un des plus grands poètes tunisiens, très vite les élections deviennent le centre de la conversation, lorsque nous nous quittons l'homme nous fait part de son inquiétude: un pays en crise fait souvent passer l'économie avant tout, cette attitude pourrait étouffer la culture...








http://www.netlexfrance.info/2007/10/15/moncef-ghachem-un-poete-pecheur-a-sidi-boussaid/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire